Une entreprise taylorisée qui souhaiterait mettre en place un modèle à la Google, ça donnerait quoi ?
Le courant de
pensée actuel, avec l’émergence de l’ère numérique qui bouleverse les marchés,
et en particulier les acteurs traditionnels, tend à promouvoir
l’entreprise libérée, agile, le mode lean … et à abandonner le Taylorisme.
F.Taylor 1856-1915 |
Dans le
principe, et pour faire simple, disons que c’est une organisation où les strates managériales ont été très
réduites voir supprimées et où « de petits collectifs », disposant
d’une large autonomie, prennent eux-mêmes leurs propres décisions (avec aussi
des ajustements variables selon la taille des structures).
On y retrouve
des méthodes et approches protéiformes, assortis d’appellations variables : lean
management, lean start-up, entreprise agile, entreprise libérée … des
distinctions importantes existent , des combinatoires sont possibles (par
exemple la méthodologie agile Scrum pour partie des travaux dans une organisation en lean-startup,
orientée « produit ») ; l’objet de
cet article n’est pas de les distinguer mais d’aborder ce que ces terminologies ont en commun : un collectif autonome en première ligne. Nous
nous centrerons sur le terme « d’entreprise libérée », plus
caractéristique, plus large, et qui peut englober bon nombre de déclinaisons de ces modèles et méthodes.
Utopie ?
Non, des entreprises d’une certaine taille ont de longue date adopté ce type
d’organisation, et ça marche.
Avertissement :
les propos de cet article sont volontairement et parfois un peu
« clash » et « animaliers », mais les courants de pensée
unique sont si puissants qu’il faut bien faire contrepoint pour tenter"
d’objectiver les avantages et inconvénients rencontrés. Des milliers de
personnes sont susceptibles de vivre ces changements à terme, avec plus ou
moins de bonheur.
Le modèle d’entreprise libérée est-il transposable à toutes les entreprises, à toutes les activités? Attention danger ! Aucune vérité !
Le premier
constat, c’est que le nombre d’entreprises ou organisations
« traditionnelles » qui se sont « libérées » sont à ce jour
ultra-minoritaires… (cela tendrait à évoluer dans des formats très divers).
Le modèle ne peut pas être décliné de la même
manière partout : sociologie d’entreprise oblige, il n’existe aucun modèle qui fonctionne s’il
est « plaqué » de manière imbécile et scolaire (ou pire encore, de
manière uniquement comptable, par les coûts) sans tenir compte de
la culture en place, du type d’activité, des métiers, des qualifications et
surtout de la façon d’assurer une transition harmonieuse.
Fuir le mythe de l’organisation magique, elle n’est qu’imaginaire ! C’est une boîte à fantasmes !
Une
organisation est surtout portée (par) et porteuse de relations sociales :
admettre ce postulat revient à tenter de développer et pérenniser une relation
sociale qui se veut plus productive et adaptative à son environnement externe,
en utilisant au mieux les capacités des individus, prenant en compte leurs
aspirations et leurs limites, physiques, intellectuelles, comportementales,
psychologiques.
Attention aux
intégristes de « l’agilité » et de la « libération » qui
avanceraient sans discernement : ils seraient à coup sur les fossoyeurs de
l’entreprise … avec beaucoup de casse humaine entre temps. A moins qu’on ne
souhaite se débarrasser d’un certain nombre de salariés à moindre frais, par
usure, et/ou déposer le bilan …
Il y a, à
bien des égards, des avantages sérieux à libérer son entreprise des nombreuses
strates et fonctions bureaucratiques, parfois davantage
« polluantes » de l’activité des opérationnels, que
facilitatrice ; la bureaucratie excessive faisant l’unanimité contre elle.
Toutefois, la
culture du chef qui disparaît dans l’entreprise libérée avait parfois du bon
sur pas mal d’aspects, et il serait déraisonnable de l’ignorer au nom
d’une pensée unique, faite aussi de démagogie (« vous n’aurez plus
de chef, vous êtes libres … ») ou d’injonctions contre-productive (« on va
responsabiliser les salariés, soyez responsables »… comme
s’ils ne l’étaient pas déjà par le sérieux de leur travail, dans un périmètre
plus restreint car taylorisé : bref, ils ont fait ce qu’on leur demandait
et le vivraient à présent comme une culpabilité, un malaise s’installerait dès
le départ … avec un risque de rejet fatal et définitif ).
Là où le chef devait gérer et réguler les conflits, c’est un collectif qui se doit de les gérer dans l’entreprise libérée
On peut, sans
être devin, déjà constater que cela démultiplie les manœuvres et stratégies
individuelles avec tous les travers des jeux pseudo-démocratiques qui
représentent sans nulle doute ce que la démocratie a parfois de plus détestable
(mais pas toujours).
Un salarié en
difficulté, et qui « ne va pas très bien », pourrait être sérieusement mis à
mal par un
collectif entier (conscient
ou pas) soumis à la pression des objectifs et, dans les cas extrêmes,
l’amener
à commettre l’irréparable… Les évaluations de chacun sont parfois
confiées au
collectif entier, les approches 360° ne valent que si un dispositif
« light » d’évaluation est pratiqué dans des groupes à haute qualité
relationnelle, car elle peuvent être destructrices.
La
« libération » peut aussi se dérouler de manière plus heureuse, selon
le vécu et les qualités propres de chaque individu et du chef
d’entreprise : un constat RH, global et sectoriel, est nécessaire pour
identifier la situation de départ (zones de conflits, d’apaisement, profils,
aspirations des salariés …) avant de composer les équipes ou voir même, de
décider de mettre en place cette organisation.
Une
entreprise qui voudrait se libérer sans mettre en place de solides
dispositifs pour éviter les risques de dérive pourraient bien provoquer des
suicides : c’est tabou d’en parler mais justement parlons-en pour
l’éviter. Le rôle du collectif est primordial pour le prévenir.
Dans l’entreprise (mal) libérée, ce qui pourrait arriver serait-il à classer au même titre que le principe de « sélection naturelle » propre à l’évolution des espèces ?
Charles Darwin 1809-1882 |
… où seuls les
plus adaptables (à tous les niveaux) survivraient
professionnellement ?
Les
dirigeants les plus cyniques, vieillots, ringards pourraient ainsi y voir une
formidable opportunité de « faire le ménage » dans leur entreprise,
sans plan social, en confiant au « collectif », sans le lui dire
d’ailleurs, sans même en avoir conscience parfois, par la pression de
l’objectif collectif, la mission de « flinguer » ceux qui ne font, en
apparence en tout cas, pas l’affaire… en poursuivant avec de vieux réflexes Pavloviens
hérités du passé quant aux politiques de sanction.
Une chute
magistrale de productivité pourrait en résulter … elle coûterait bien plus
qu’un plan social et peut-être même, la vie de l’entreprise après la santé de
ses salariés.
La non
compréhension des règles du jeu de l’entreprise libérée, ou pire encore, les
malentendus sur ce qu’elle est réellement, sont à éliminer sans aucune ambigüité, sinon
on court à la catastrophe !
Un droit du travail un peu has been …et des législateurs tout autant
Noyé dans les
agissements d’un collectif, il serait très difficile aussi pour les « victimes » de faire valoir leurs
droits… le code du travail se prête d’avantage à la relation avec un chef dont le rôle est
aussi de veiller à éviter cela. La preuve est aussi plus aisée à établir avec
un chef : mesure de la charge de travail, mesure des injonctions paradoxales,
échanges de mail avec le chef, outils de reporting qui en attestent … et qui
n’existent plus dans l’entreprise « libérée » (on dit entreprise
libérée mais pas salariés libérés : la différence sémantique n’est pas
neutre).
Un chef se
doit (en principe…), ce n’est qu’un exemple, de veiller à éviter la surcharge
de travail permanente d’un collaborateur (obligation légale de santé). Il est celui
qui sait dire non dans l’intérêt de son équipe et du travail.
Cette
régulation est confiée au collectif dans l’entreprise libérée. Il n’y a plus
aucune gestion de la charge de travail individuelle
« personnalisée ». Elle est soumise à
une régulation entre individus du collectif : attention à ce que
les clefs ne soient pas confiées à une équipe de bulldogs …
Cette dilution de
responsabilité est aussi un fantastique terrain de jeu pour les PNM (pervers
narcissiques manipulateurs estimés à 2% de la population).
Le droit du
travail est aussi et tout autant un
frein à la libération des entreprises dans la mesure où il n’adresse pas
les problématiques de telles transitions de manière réaliste et praticables sur le terrain ;
à l’exception d’un assouplissement des licenciements… Cette vision coercitive
ne fait pas bon ménage avec l’approche consensuelle indispensable sur de telles
démarches.
Des dispositifs de transition seraient les
bienvenus pour lisser les conflits sociaux et amener les acteurs internes de
l’entreprise à en sortir « par le haut », par un rééquilibrage des
forces en présence … et donner une chance à ce type de projet.
La où Google
investi dans des espaces de détente pour
ses salariés et pratique un traitement égalitaire des rémunérations (qui ne
veut pas dire unique), sans ultra individualiser les augmentations de salaire, d’autres renforcent l'individualisation de la rémunération (augmentation individuelles sur objectifs), font installer des baby-foots, avec une contrôle des temps de pause … une illusion de libération qui ne trompe personne dans la durée (soupir...).
.
.
La roue tourne…
Un salarié
n’a pas la même performance en permanence, les « prédateurs » ou les
« maladroits avec les autres »,
consciemment ou non, d’hier, pourraient devenir les victimes de demain …
et il est carrément utopique de penser que tous les êtres humains ont la même
capacité à apprécier et gérer ces situations avec le recul suffisant.
Au 21ème
siècle , avons-nous vraiment évolué quant aux jalousies, aux ambitions, aux
désirs, à la préservation de nos zones de confort et autre ? Desmond
Morris a écrit « le singe nu » pour décrire l’être humain avec son
œil d’éthologue (zoologiste) : à lire de bout en bout avant de vouloir
libérer son entreprise ! ça peut aider …
Les plus compétents ne sont pas à l’abri…
Les salariés
les plus « compétents » sont aussi ceux qui sont le plus sollicités
et le plus à même de faire un burn-out, parce que plus aucun chef pour « réguler »
l’activité, une activité ou l’on oublie ses heures et qui peut se révéler très
motivante du reste … avec dans tous les cas et à l’origine, un collectif, un
peu flou … dont les responsabilités à cet égard sont totalement diffuses, car
elles ne sont plus incarnées par « un chef »… quant aux fonctions des
uns et des autres , elles tendent à la généricité par la force des
choses : la charge de travail variable qui repose sur l’équipe ne mobilise
pas une même compétence de manière aussi permanente qu’en mode taylorisé
(polyvalence de fait). La aussi le législateur sur le droit du travail est très
en retard …
L'entreprise
se libère de beaucoup de contraintes règlementaires :
c’est le fondement même du contrat de travail dans ses principales
composantes
qui peut imploser (fonction générique, activité selon les compétences,
affectations en conséquences… sans augmenter les salaires) : compenser
la perte de repère par des politiques de développement RH tangibles est indispensable et en totale contradiction avec une réduction des budgets de formation, le e-learning est certes moins cher, mais éviter d'en faire la voie unique de formation: elle n'est que complémentaire (pour ne citer que cet exemple là).
Absence de hiérarchie = anarchie ?
… de manière
très locale peut-être, car il y a toujours, « au-dessus », à minima,
un chef d’entreprise… voir des actionnaires donneurs d’ordres.
L’entreprise
libérée, dans sa théorie, revêt cependant quelque part une forme
apparente du stade ultime de l’anarchie avec, en pré-requis, des êtres humains polyvalents très qualifiés,
imaginatifs, dotés d’un haut niveau de conscience et de l’intérêt de l’autre,
tout autant que du collectif.
C’est le propre d’un modèle anarchique
« opérationnel » parce que chacun se sent responsabilisé et agit
librement en fonction non pas de son seul intérêt/goût personnel, mais aussi et
tout autant d’un intérêt supérieur, d’un collectif, d’une entreprise, avec
quelques règles minimalistes de fonctionnement et en étant en prise directe sur
les orientations stratégiques.
Joseph Proudhon 1809-1865 |
« La liberté est
anarchie, parce qu'elle n'admet pas le gouvernement de la volonté, mais
seulement l'autorité de la loi, c'est-à-dire de la nécessité »
Pierre Joseph Proudhon.
En période de
forte tension du marché du travail, ces approches ont le vent en poupe et
facilitent la sélection des profils les plus adaptés/adaptables… en
remplacement des autres issus de la culture taylorienne. Erreur là aussi :
on ne libèrerait pas car on remplacerait , dans un chaos probable.
Pour mieux réussir une transformation, partir du
principe que tous les salariés ne seront pas en mesure de s’adapter à ce type
d’organisation est un élément à admettre et à intégrer dès le départ.
Certaines entreprises en voie de libération le
disent à demi-mots, « certains demandent à partir, sont perdus, ne s’adaptent pas, tombent
malades, les conflits augmentent alors qu’on pensait les réduire, on s’est
trompé … ».
Les
certificats d’inaptitude délivrés par les médecins du travail pourraient bien
pleuvoir dans les années à venir : inaptitude à quoi au juste, au
travail ou à l’organisation ?
Des clefs pour prévenir et réussir ?
Une
organisation taylorisée favorise les zones de friction entre les prescripteurs
et ceux qui exécutent, ainsi qu’entre ceux qui sont en amont, et ceux qui sont
en aval de la chaîne d’exécution. Les entreprises taylorisées qui se libèrent
doivent intégrer dès le départ que les individus ne sont pas, en majorité,
prêts à affronter un « vent de liberté » après des années de travail
prescrit… les vieilles querelles ont la dent dure, les humiliations passées
aussi, ainsi que les réflexes et habitudes.
En lieu et place de faire preuve de cynisme en se disant que les choses s’autoréguleront en cassant des « œufs » (au risque aussi de bousiller l’entreprise) on pourrait plutôt :
-dès le départ partager sans tabou un
diagnostic sur l’état général des relations interpersonnelles, après des années
de Taylorisme
- créer de puissants dispositifs de
régulation au sein des équipes : les rassembler est déjà un premier pas …
insuffisant cependant
-Supprimer/limiter les dépendances « d’ordre
process » entre ces équipes avec des périmètres clairs (s’il y a trop
d’interdépendances, c’est délicat, il y a des seuils …)
-créer, dans une moindre mesure, des
postes utiles et spécifiques légèrement (à peine) en marge de la zone
« libérée », en support à cette dernière pour des salariés qui ont
très souvent encore beaucoup de choses à apporter à l’entreprise.
-Laisser le plus possible les salariés
s’inscrire au sein d’équipes et dans des missions qui les intéressent : ce
mouvement est une soupape de régulation pour eux (et aussi une façon de se
perdre si des parcours RH ne donnent pas des repères suffisants)
- Demander aux salariés leurs avis sur
la découpe des équipes et des périmètres, et
en tenir compte ou apporter des explications recevables dans le cas contraire
- Ne pas s’appuyer (que) sur la
hiérarchie (anciennement) en place : impliquer fortement les salariés aux travaux d’étude et de
mise en œuvre, c’est déjà un signe de « libération ».
Sinon, le
risque de défiance pourrait s’installer…et une organisation uniquement pensée « d’en haut »
à quelque chose de très taylorien dans la démarche : personne n’y croira
- Supprimer les augmentations
individuelles au profit d’augmentation collectives est recommandé. Exacerber l’individualité tue carrément ce
type de projet et augmente les conflits. La rémunération liée au
«travail à la pièce fabriquée »
est directement héritée du taylorisme et du fordisme… faut-il le rappeler,
avec tous les travers que l’on connait (c'était un progrès social important à l'époque !)
- Déléguer des budgets véritables à ces
équipes
- Refondre l’ensemble de la politique
RH (au sens large du terme)
A partir du
moment où à la fois les plus fonceurs, les plus « flexibles » et à la
fois les plus conservateurs, les plus « mono-experts » pourraient
quoiqu’il en soit être mis à mal, tenter de réunir les conditions d’un juste
équilibre parait salutaire, tant pour eux que pour l’entreprise souhaitant
abandonner le taylorisme.
Les cadres de
proximité, les « sous-officiers d’hier », plus proches de la
technique et du terrain, pourraient au premier abord assez facilement se
repositionner dans des fonctions d’animation et de coatching des équipes, sans
relation hiérarchique (en tout cas, ceux qui avaient déjà cette dimension…pour
les « chefaillons » ce sera plus délicat, ils pourraient vivre un
enfer, victime d’un retour de bâton … à anticiper et prévenir !)
A laisser les collectifs se débrouiller entre eux, à quoi servent les nombreux cadres de directions des grandes organisations ?
Plus à rien,
c’est clair.
L’entreprise
libérée économise beaucoup d’argent en réduisant les effectifs non seulement
des managers de proximité mais aussi des
« hauts managers »… les maintenir en place en trop grand nombre
représenterait même une menace sérieuse quant aux chances de « libération » :
les contre-offensives, les réticences, les territoires pourraient s’avérer
fatals sur cette démarche, car au final, ces cadres ++ se sentiraient menacés, question de survie
professionnelle là aussi, et de sélection naturelle, merci Darwin… Songer à les
reconvertir dans des parcours de consultants internes, de partenaires
« high-level », de facilitateurs, de conseillers est peut-être une
possibilité plus heureuse, et une source d’économie non négligeable en
consultance externe ! Bingo !
Les modèles
de carrière (parcours RH) sont à repenser intégralement : l’aspiration à
s’élever dans la hiérarchie disparait puisque qu’il n’y a plus ou très peu de
hiérarchie … avec de substantielles économies au passage, à réinjecter en
partie dans des politiques développement RH .
Une approche uniquement par les
coûts pourrait s’avérer contre-productive à moyen terme, menaçant la aussi les
chances de succès.
Des bricoleurs de liberté enfermés dans un coin de l’entreprise taylorisée … la grande évasion se préparerait-elle ?
Il paraîtrait
hasardeux de « libérer » son entreprise sans un très puissant sponsor
situé au plus haut niveau de l’entreprise, affichant une forte présence sur le
projet, une implication réelle et pas seulement de façade orientée uniquement
sur la communication, car les arbitrages sont nombreux dans la phase de
transition, en particulier sur la composition et les ajustements
« périmètre homogène / équipe » : la redistribution est totale.
N’espérez pas
libérer un « morceau » d’entreprise qui serait en relation directe,
transverse et permanente avec le reste de cette même entreprise et des autres
directions : cela reviendrait à élever des poissons dans un « bocal
taylorien » pendant des années et les relâcher un jour dans l’océan. Face
à des habitudes issues de toutes les autres directions taylorisées de l’entreprise, on ne donnerait pas cher de leur peau ! (et de l’entreprise au passage).
Les démarches
« agile », « libérée », le « lean », le
« lean-startup » engagent toute l’entreprise ! Elles n’engagent
pas que des acteurs du numérique isolés dans une bulle techno-centrée … bien au
contraire, même si des « zones libérées » sont envisageables à
l’intérieur de l’entreprise, cela nécessite une parfaite vision des
interactions et des arbitrages requis quotidiennement… ainsi qu’un
consensus d’approche adapté à la situation.
.
.
Ne surtout pas négliger le rôle des organisations syndicales dans ce contexte
Jouer carte sur table est la meilleure approche quand on ne raisonne pas que par les coûts... et que l’on recherche des gains de productivité et d'innovations fondés sur la motivation pour donner une chance à la transition numérique de son entreprise, et une chance à son entreprise en réussissant cette transition.
En prendre
conscience dans la déclinaison opérationnelle est un facteur clef du succès (et
pas seulement stratégique à grand coup de communications externe comme on
le voit beaucoup), car cette nouvelle organisation est en rupture totale avec
le passé, une rupture majeure qui n’a rien en commun avec les multiples
réorganisations que les entreprises taylorisées ont pu connaître, y compris
dans leur mouvement perpétuel de centralisation-décentralisation, fusion,
partenariat, acquisition … tout ça c’est du petit lait à coté ! (c’est
pour dire …)
Nos
entreprises ne sont pas Google … vouloir lui ressembler sans discernement quand
on vient du Taylorisme reviendrait à vouloir
faire un leafting sur un éléphant sans anesthésie !
Afin d’éviter
que le principe de sélection naturelle darwinien ne s’applique à l’intérieur des
grandes entreprises, dans une ambiance de jungle primitive qui ne pourrait que
l’affaiblir à terme, la prise en compte à sa juste de mesure de
l’investissement humain à réaliser est à mettre au tout premier plan.
« Les espèces qui
survivent ne sont ni les plus fortes, ni les plus intelligentes, mais celles
qui savent s’adapter » (Darwin) : est-ce à dire que le
salarié idéal ne serait pas « forcément » intelligent, pas
« trop » affirmé non plus, mais prioritairement adaptable ? Allons … tout de même pas quand
même !
Ils ne sont
d’ailleurs pas comme ça chez Google ! Ce sont « plutôt » des
profils hautement qualifiés, aux qualités humaines et techniques importantes,
ils sont bien payés avec de multiples avantages, et ne se battent ni entre eux
ni avec leur patron pour gagner 10 dollars de plus par mois … ou avoir plus de
reconnaissance.
Une entreprise taylorisée n’a pas ces profils d’exception en majorité dans ses effectifs.
Une entreprise taylorisée n’a pas ces profils d’exception en majorité dans ses effectifs.
Le Taylorisme, critiqué à tord et à raison a
cependant une vertu : permettre au plus grand nombre de travailler sans
forcément être exceptionnel au point d'être recruté par Google … une majorité
sur terre.
Les exigences
de recrutements chez Google dépassent de loin celles de bon nombres d'entreprises.
Les entreprises taylorisée ont fait des
recrutements dans une optique précise pour un mode de travail taylorisée, en favorisant les qualités compatibles avec l’organisation taylorisée,
faisant même parfois des autres qualités un défaut et un handicap à la sélection…
Il est vrai
que Google ne vient pas non plus du Taylorisme au départ, et ça change beaucoup
de choses … non ?
Imagination,
intelligence, raison et probité aux commandes ?
Une
organisation d’entreprise acceptable et efficace commence avant tout par
« une rencontre » entre une contrainte de marché, un groupe humain,
une culture et des « outils organisationnels» adaptés, en tentant
d’intégrer les préférences et aptitudes des salariés dans ce dispositif pour en
tirer le meilleur parti.
.
Cette contrainte de marché est la disrupture, elle est puissante et menace les acteurs traditionnels qui se partagent encore « le gâteau »... mais pour combien de temps encore ?
Cette contrainte de marché est la disrupture, elle est puissante et menace les acteurs traditionnels qui se partagent encore « le gâteau »... mais pour combien de temps encore ?
Difficile
recherche d’équilibre qui n’a rien de binaire … mais l’équation n’est peut-être
pas impossible quand l’imagination, l’intelligence, la raison et la probité sont au pouvoir.
A dirigeant d’exception, résultat
d’exception !
Sources :
Le
Lean-Startup adoptez l’innovation continue Eric Ries (Ed. Pearson)
http://www.favi.com/management/
Le lean
management (Ballé-Beauvallet Ed Pearson)
Le
capitalisme paradoxant (GauleJac-Hanique Ed Seuil)
Le singe nu
(Desmond Morris Ed Le livre de poche)
....
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